La mémoire du vers à soie
La mémoire du ver à soie : la magnanerie
Un premier article a présenté les mûriers, dont les feuilles sont indispensables à la nourriture des vers à soie.
Une magnanerie est le local où le magnan (ou magnon), c’est à dire la chenille du bombyx (ou ver à soie) vivait sa brève existence de quarante cinq jours nécessaires à la fabrication de son cocon, d’où serait tiré le fil de soie. Ce local était très divers suivant l’importance de l’élevage et les ressources financières des éleveurs, appelés aussi éducateurs. Les plus aisés faisaient construire un bâtiment spécial, d’autres, pendant la période d’élevage, réservaient le grenier de la maison d’habitation, une chambre ou même tout un étage, parfois la cuisine, le grenier à blé... À Papelissier une chapelle, devenue propriété privée et désaffectée, fut même utilisée à cet usage. |
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Les éleveurs pouvaient être propriétaires de châteaux, comme ceux de Triors et de Chatillon-Saint-Jean. Un couvent, comme celui du Saint-Sacrement, à l’est de Romans, au bord de l’Isère, entretenait une magnanerie où travaillaient les filles dont il avait la charge. Les vers à soie, pour bien se développer, ont besoin d’une température d’environ 25 °. |
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![]() entourée de muriers nécessaires à la nourriture des vers à soie |
Un plafond est prévu pour assurer l’isolation ; il en existe même un exemple formé par des briques posées entre les chevrons. Les murs sont souvent doublés de planches. Les vers à soie ne supportent pas une atmosphère trop étouffante ; une bonne aération doit être prévue pour assainir l’atmosphère et éviter les graves maladies de la pébrine et de la flacherie qui ravagèrent les élevages au milieu du XIXe siècle. |
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Enfin, l’accès aux étages supérieurs pour approvisionner les magnans, pouvait être dangereux. Lors de la période où ils dévorent des quantités considérables de feuilles de mûrier, il fallait porter de lourdes charges. On ne pouvait se contenter d’une simple échelle ; un escalier était donc nécessaire, aménagé à l’intérieur de la maison avec des marches en bois. Dans les bâtiments indépendants de la maison d’habitation, un escalier était construit à l’extérieur, contre le mur, avec des marches en pierre et sans rambarde. Aujourd’hui la sériciculture a pratiquement disparu mais elle a, parfois, laissé des traces dans le bâti, par exemple, des cheminées d’angle dépassant du toit. Le prochain article abordera « l’éducation » du ver à soie.
Sauvegarde du Patrimoine romanais et péageois Commission « vers à soie » |