La navigation sur le site https://romans-patrimoine.fr est susceptible de provoquer l’installation de cookie(s) sur l’ordinateur de l’utilisateur
SPRP - | 1 rue des Clercs - | 26100 Romans sur Isère. | Réunion au local le mercredi à 17 heures. |
La fin du XIXe et le début du XXe marquent le début de l’apogée de l’industrie de la chaussure à Romans et de la chapellerie à Bourg de Péage, ce qui a entraîné une expansion démographique.
L’arrivée du chemin de fer dans les années 1860 a renforcé ce développement industriel.
Le paysage urbain va bénéficier d’un enrichissement, grâce à cette «Bourgeoisie Patronale ».
Les nouveaux industriels font construire de belles demeures appelées « châteaux ou villas », quelquefois, à proximité de leur usine. Certains noms vous sont, peut-être familiers : Familles Premier (château premier…St Maurice), Henry (château henry…résidence charlotte Chaze), Figuet (nous sommes à côté), Fenestrier (villa détruite…actuellement l’Eden Parc), Cara, Roux (villa Marguerite…MJC) et à Bourg de Péage : Mossant, Argod.
Autre constatation : toutes ces demeures se situent au sud de la voie ferrée. Il en sera de même pour les premiers immeubles construits par la « Bourgeoisie Commerçante » : rue Jacquemart…la maison des Atlantes, côte des Cordeliers…maison Blain…maison Marquet. Ce n’est que bien plus tard que la voie ferrée sera franchie par les habitations de ces « nouveaux riches ».
Grâce à cet enrichissement, les édifices publics seront, eux aussi, embellis : Hôtel de ville, Cercle militaire et d’autres agrandis : la banque de France, construction du kiosque, place Jules Nadi…
Pendant ce temps, le baron Haussmann né à Paris en 1809, préfet de Paris de 1853 à 1870, sera chargé, par Napoléon III, d’élaborer et de diriger un plan de rénovation de la capitale.
L’ouverture de grandes avenues (répression des mouvements de foule…faire charger la garde), va donner vie à un style nouveau : le style haussmannien dés 1853 et plus… «C’est un style inimitable aux dires de certains. » C’est l’emblème de la bourgeoisie : de grands bâtiments, aux façades en pierre de taille.
Des fondamentaux sont imposés par le pouvoir :
Que l’on se rassure, à Romans, nous n’aurons pas de telles obligations.
Au cours de notre « balade » nous constaterons que celles ci s’organisent autour de lignes horizontales, verticales, qui se prolongent souvent d’un immeuble à l’autre tel que :
En un mot de grandes perspectives. (Côte des Cordeliers)
Pour commencer, nous nous intéresserons, à la décoration de deux façades de cette époque.
Ce ne sera que vers les années 1910 et 1930 que les bâtiments prendront un autre aspect, celui du béton brut, sans fioriture, dont nous verrons deux bâtiments.
Un certain éclectisme prendra jour au début de la IIIe République, imitation des styles anciens, profusion du décor, multiplication d’éléments architecturaux inutiles ainsi que de nombreuses sculptures. Cette redondance s’accompagne d’un goût très net pour l’apparat. Les motifs sont multipliés, souvent juxtaposés, cette profusion donne une impression d’accumulation, certes, mais d’un équilibre soigné.
Immeuble emblématique de l’histoire de notre ville, car c’est la représentation des débuts de l’histoire de la chaussure. Adolphe Figuet fit construire cet immeuble dans les années 1888, auquel, l’année suivante, il adosse au sud, ses ateliers, dont on peut voire encore les toits en forme de « dent de scie », appelés « shed ».
Que vois-t-on ?
Pour moi, c’est certainement l’une des plus belles façades, fin XIXe de Romans.
Construit en 1874 par Adolphe Chosson (monogramme au dessus de la porte, mais qui peut-être aussi celui d‘Auguste Chabert, tanneur corroyeur, propriétaire depuis 1886).
Que voyons nous ?
En premier lieu une belle lisibilité verticale en cinq éléments, symétriques deux par deux. A droite et à gauche, une construction en forme de lanière, surmontée d’un fronton triangulaire, au centre, les pièces à vivre, avec balcons et entre les deux, éléments de liaisons, sans fronton mais avec des décorations en harmonie avec le reste de l’immeuble.
À la fin du XVIII et au début du XX un nouveau style apparaît ; l’art Nouveau.
*Art nouveau, 1900/1910, né en Ecosse vers 1875 /1880, se caractérise par des formes ondoyantes et enchevêtrées, des volutes, des enroulements, des arabesques. C’est l’art de l’ornementation, des plantes, des fleurs. Cet art de l’émotion et de la sensualité s’exprimera dans tous les domaines, de l’architecture au mobilier, de la sculpture à la mode, de la calligraphie à la joaillerie. Bien souvent, on le retrouve dans des travaux de ferronneries, des mosaïques, des fresques ou des vitraux. Enfin, quelques-uns de ses plus célèbres représentants furent Hector Guimard (les célèbres entrées du métro parisien), Emile Gallé, les cristalleries Daum , Louis Majorelle ou Antoni Gaudi. Il atteint son apogée en 1900 lors de l’exposition universelle de 1900 et à l’école de Nancy.
C’est un art total qui s’étend de la construction la décoration à l’ameublement. Il prendra fin à la guerre de 1914, pour laisser la place à l’Art Déco.
*Art Déco, après la guerre, apparaît un mouvement d’architecture prônant le rationalisme et l’ornement superflu (Ludwwig Van Der Rohe) naissance de l’école du Bauhaus(Klimt).
En 1925, se tient, à Paris, l’exposition internationale des arts décoratifs industriels modernes. Ce sera l’apogée de ce mouvement appelé depuis ART DECO
En réaction à l’art nouveau, jugé trop exubérent, (l’art nouille), l’art déco va styliser les formes, tout en s’inspirant des formes végétales mais en privilégiant les lignes droites, les formes géométriques, la symétrie,(en peinture, il trouve son écho dans le cubisme) la décoration avec des ferronneries, des bas reliefs, des mosaïques, des fenêtres hublots .
L’art déco supprime les angles droits et utilise les pans coupés ou les arrondi.
Il faut noter que l’Art déco, né comme un mouvement extrêmement luxueux, devint aussi un art de crise, suite à la crise de 29. L’Art déco devint donc un art de masse au début des années 30, utilisant un tout nouveau matériaux : le plastique. A ce titre, l’Art déco marqua d’ailleurs la naissance du design.
Cet immeuble daterait de 1933 ?
Il est très représentatif de l’Art déco accompli, un peu plus récent que celui que nous verrons dans un instant et annonce l’architecture moderne. L’ornementation a totalement disparu. Toute la lecture du bâtiment se fait par sa forme géométrique avec une partie cubique en avancée.
La très forte verticalité donnée par les lignes est pondérée par quelques bandeaux horizontaux en saillie et par les fenêtres hublots qui sont très caractéristiques de l’Art déco.
Les lignes verticales en façade sur la rue du Nord élancent le bâtiment tout en proposant un puits de lumière pour un escalier vraisemblablement.
Les montants de l’entrée ont un simple décrochement qui permet d’attirer le regard.
Le matériau unique semble être le béton, particulièrement bien adapté à l’architecture cubiste.
On voit apparaître ici une architecture moderne qui fonctionne en assemblage de modules, comme le privilégiera Le Corbusier. Cela ouvre sur l’architecture fonctionnaliste.
La partie entrée côté laboratoire a dû être modifiée.
Antoine Gailly construit un immeuble en 1888, revu et modifié en 1925 dans un style classique dont les étages s'inspirent de l'Art déco. La mosaïque des armes de la ville date de 1935.
On remarque l’adaptation de l’édifice à sa place urbaine. Pendant longtemps, on a privilégié la forme du bâti sans s’intéresser à sa place dans la ville. Sous l’effet de l’importance des contraintes urbaines, dès la fin du XIXe on voit apparaître les pans coupés, qui permettront de fluidifier la circulation des véhicules dans les villes. C’est souvent ce pan coupé qui prend un rôle prépondérant en matière de décor.
La façade doit beaucoup à l’architecture moderne des années 20 mais aussi à l’héritage de l’architecture classique. Classicisme et modernité se conjuguent sans rompre l’homogénéité de la façade.
Parmi les références classiques :
Parmi les éléments de structures et de décors qui donnent à cette façade son caractère moderniste Art déco :
Il ne serait pas impossible que l’architecte de ce bâtiment soit Louis Bozon. Il a travaillé à Romans, mais je ne sais pas où ?
Pour infos quelques constructions de cette époque à Romans : Notre Dame de Lourdes, le Cinéma Planète, maison particulière rue S. Abba, la chapellerie Mossant, le Monument aux Morts (Gaston Dintrat), l’usine Jourdan, Rénovation de la façade de la Mairie, l’hôtel des postes, Lycée A.Triboulet…
Nos sources : Archives municipales de Romans, Recherches de la Sauvegarde du patrimoine romanais péageois, Viviane Rageau, responsable du service ville d’Art et d’Histoire.