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SPRP - | 1 rue des Clercs - | 26100 Romans sur Isère. | Réunion au local le mercredi à 17 heures. |
Château de Pizançon. Escalier classé monument historique.
L’immeuble actuel que l’on appelle encore de son nom, ne date que du début du siècle dernier. Antérieurement, le château féodal comprenait quatre corps de logis formant une tour carré avec, à chaque angle, de vastes « pavillons ». Cet ensemble fut saccagé et brûlé en 1793(voir note) par les soldats d’un bataillon de l’Hérault, qui se trouvait de passage à Romans. Quelques années plus tard, ce château devait être remplacé par l’immeuble actuel, construit sur un plan différent et sur une moindre surface. Il n’offre aucune caractéristique particulière et ne se réfère à aucun style. Il sert actuellement de logements à quelques familles d’agents de l’E.D.F., qui en est propriétaire. Il a subi, de ce fait divers outrages (fenêtres clôturées ou en partie, modifications intérieures, etc…) et sa façade est en mauvais état. Son aspect est enlaidi par un pylône malencontreusement posé sur son chemin d’accès. La toiture, autrefois en ardoises, est maintenant en tuiles rouges…
Le 1er août 1789 le conseil municipal de Bourg-de-Péage se réunit pour délibérer sur la demande du marquis de Pisançon, « seigneur du dit Bourg ... d'être compris dans le rôle la Milice Bourgeoise de ce Bourg et de monter la garde à son tour comme citoyen ».
Le conseil déplora « la fureur qui a pu animer les habitants des campagnes contre leurs Seigneurs » et rendit acte au marquis de Pisançon de son comportement citoyen. Le 14 août suivant, Mr Dochier (avocat et historien) lut au conseil municipal une lettre de remerciements du marquis. Il y eut de vifs applaudissements de l'assemblée après lecture de cette lettre et les notables s'engagèrent à « redoubler de zèle et d'activité pour veiller à la conservation des propriétés de ce seigneur. »
Référence: https://archive.org/details/dlibrations00pisa/page/6/mode/2up
Les deux « paréries » du fief de Pizançon avaient été reprises au 17e siècle par la famille de la Croix (dont un des membres fut évêque de Grenoble). Gabriel de la Croix fut autorisé à établir des moulins sur les rives de l’Isère moyennant une redevance annuelle de 100 livres ! Au 19e siècle, le château appartint à la famille de Chevrières, le fief ayant été érigé en marquisat. C’est au Marquis de Pizançon que l’ont doit l’édification de l’église actuelle dont la construction remonte à un siècle et demi. Cette église est dédiée à Saint Michel. Elle n’a pas de style bien déterminé : tout au plus pourrait-on, architecturalement, la rapprocher du genre roman. L’intérieur est décoré de belles peintures : une grande fresque symbolique recouvre une partie du mur de l’abside, au dessus de l’autel. Les stations du Chemin de Croix ne sont pas représentées par des tableaux, mais par des peintures murales. Cette décoration est l’œuvre patiente, mais remarquable, de M. l’Abbé Tastavin, curé de Pizançon depuis bientôt une trentaine d'années.
Sur la place de l’église, où se trouvaient des arbres très anciens et dont l’arrachage est encore déploré par de nombreux habitants, existait un cimetière, et il y a quelques temps encore des pierres tombales y avaient été laissées. C’est là que fut enseveli, près de la porte de l’église, le conventionnel Julien, secrétaire de Marat qui était né à Pizançon, et dont une rue de Romans porte son nom. La aussi aurait existé, dans ses temps très anciens, une léproserie fondée par la Chapitre de Romans, et qui a disparue au 16e siècle. C’est prés du château, qu’en 1784, fut tenté sous la direction de l’abbé de Mably, un exercice de lâcher de Montgolfière, qui eut, dit-on un grand succès.
Le Bois de Pizançon s’étend actuellement sur 1 km 200 environ et a une largeur moyenne de 300 mètres. Il était beaucoup plus grand, au début du siècle, et contribuait alors à un lieu de promenade fort fréquenté. On y allait l’été, pour (comme on disait à l’époque) « manger sur l’herbe », bien qu’une partie étant propriété privée se trouvait entouré de murs…
Il avait inspiré un journaliste et poète romanais Calixte Lafosse un poème en patois local que nous reproduisons ci-dessous avec pour chaque ligne, la traduction, sans doute, nécessaire ;
Lou pra sian vêr, lu usîo pioutant
Lu plu rapichon repatei
Ségosille arâ dou Chatet
Et sû l’herbe lous chin se vioutân
Ton boué a repré son mantet
O Pisançon ! la gin s’assoûtan
T yi, so ustoû yo roure ante goûtan
Abà, sin Killé ni coutet
Ceni, tianson, pipa, moucherla
De lioo bet fan jicliâ de perla
Cliara coume l’ègue doo riou
L’ègue et la chanson sian si joolia
Beau boué, qu’à l’abri de tas folia
Vindriou don suvin…si pouyoû.
Les près sont verts, les oiseaux chantent,
Le plus infime roitelet
S’égosille auprès du Château
Et sur l’herbe, les chiens se roulent
Ton bois a repris son manteau
O Pizançon ! les gens s’abritent
Là, sous les hauts chênes où ils dînent
A terre, sans cuiller ni couteau
Serins, pinsons, huppes, fauvettes
De leur bec font jaillir des perles
Claires comme l’eau du ruisselet
L’eau et les chansons sont si jolies
Beau bois, qu’à l’abri de ton feuillage
Je viendrais, souvent, si je pouvais..
Le Bois de Pizançon est actuellement la propriété de l’E.D.F.
Au côté Est, une petite cité jardin, très agréablement fleurie, a été érigée pour servir de logements aux agents de l’Entreprise.
Une légende, veut que, tout le long de l’Isère, au bas du Bois, il existe, obstruées par des broussailles, des cavernes profondes, dont certaines auraient servi à Mandrin. On disait autrefois qu’une de ces cavernes se prolongeait par un souterrain qui, passait sous l’Isère, allait sortir de l’autre coté de la rivière. Mais personne, bien sûr, n’y est allé voir.
Pizançon, n’est pas un village. C’est un District. Il est rattaché à la commune de Chatuzange-le-Goubet, qui compte quatre districts : Pizançon, Le Goubet, Papelissier et Chatuzange. La maison de la commune y a cependant une « succursale », ouverte deux jours par semaine, cela pour éviter aux Pizançonnais de faire 8 km pour régler les affaires administratives. Le district de Pizançon compte 680 habitants. Sa population est, depuis quelques années, en lente mais constante augmentation. (Au 17e siècle, on comptait à Pizançon 1.671 habitants, mais à cette époque Pizançon englobait Bourg-de-Péage. Pourquoi Pizançon ne fait-il plus partie de la commune de Bourg-de-Péage et est-il rattaché à Chatuzange qui est plus éloigné que le chef-lieu de canton ? On ne donne pas d’explication à ce propos. L’éventualité d’un « regroupement » avec Bourg –de-Péage a été examiné plusieurs fois. Il fut même sérieusement question il y a quelques années ; une pétition devait être organisée dans l’agglomération, ce qui avait donné lieu à de nombreuses réunions et discussions. C’était à l’époque où le taux des allocations familiales variait d’une ville à l’autre. L’union avec Bourg-de-Péage, le taux en question était bien supérieur à celui pratiqué à Chatuzange, pouvait apporter un avantage sensible, compensant largement certains inconvénients. Toute la population se rendit à cette bonne raison et la pétition partit à la Préfecture chargée de signatures. Mais, dans les huit jours qui suivirent, l’ironie du sort voulut que le gouvernement décréta l’uniformisation du taux des allocations familiales. Du coup, les raisons évoquées dans cette pétition n’avait plus de raisons d’être)…
Tous ces « reportages », écrits par H. R. se trouvent dans les archives de l’Impartial des années 1960 / 1970. Ils sont retranscrits sans correction ni interprétation. Ils semblent parfois dépassés, mais ils sont le reflet d’un ½ siècle en arrière…