Le barrage de la Vanelle
Genèse du projet
La première demande de concession remonte au 20 juillet 1918. Elle a été faite par M. Jouffrey, au nom de la Société des Forces Motrices de Romans.
En 1920, un Syndicat d’Études pour la chute dite de « Romans-Aval » fut constitué avec l’objectif « d’étudier la création d’une chute d’eau sur l’Isère, en aval de Romans, d’établir le projet d’études, de dresser les mémoires, plans et dessins pour la demande de concession à l’Administration Supérieure ». Plus tard, on note l’entrée de la Société Générale d’Entreprise dans ce syndicat.
En avril 1941, un projet d’aménagement, avec des caractéristiques détaillées de la chute est établi. Puis les études et la demande de concession du 20 juillet 1918 sont cédées à la Compagnie Électrique de la Loire et du Centre basée à Saint Étienne.
L’étude de la chute (notamment les caractéristiques du gros matériel) est confiée à la Société Générale d’Entreprise fin 1942. Le 2 mars 1943, le décret n°467 déclarant l’utilité publique et l’urgence des travaux d’aménagements de l’usine de Romans-Aval sur l'Isère, est signé par Pierre Laval, Chef du Gouvernement. La demande de concession est déposée par la Compagnie Électrique de la Loire et du Centre le 22 avril 1943 et la chute est inscrite au Répertoire des Grands Travaux du Comité d’Organisation de l’Énergie Électrique.
En avril 1944, ce Comité inclut les turbines, les alternateurs et les transformateurs de l’aménagement dans le programme de construction de matériels et d’équipements à exécuter pendant les deux années suivant la fin de la guerre.
En juillet 1945, on relève l’autorisation de la mise à l’enquête et d’ouverture des conférences du dossier de l’aménagement. Au cours de l’enquête, des réserves ont été formulées, en particulier par les municipalités de Romans et Bourg-de-Péage, ainsi que par de nombreux riverains qui redoutaient les conséquences du relèvement du plan d’eau, dans les villes de Romans et Bourg-de-Péage, sur le fonctionnement des égouts, la solidité des berges et la salubrité générale.
Au total, environ 85 hectares de terrains, parfois des bâtiments dont un important moulin, ont été acquis sur les deux rives (notamment les terrains riverains sur une longueur d’environ 5 km à l’amont). Une artère téléphonique immergée en partie a dû être modifiée par les PTT et le viaduc SNCF de Vernaison a nécessité des travaux de consolidation de ses fondations.
Les travaux
Le chantier est ouvert le 11 mai 1945 pour les travaux préparatoires, suivi d’un véritable démarrage à l’été 1946. Un rapport de chantier de l’époque fait état d’un effectif de 200 personnes avec un contingent de 27 prisonniers de guerre. Par la suite l’effectif moyen est de l’ordre de 600 avec des pics d’environ 760 à l’automne 1947 et à l’été 1948.
Le 1er janvier 1947, du fait de la Nationalisation, EDF (Région d’Équipement Hydraulique Alpes, Lyon) se substitue à la Compagnie Électrique de la Loire et du Centre tout en continuant la collaboration avec la Société Générale d’Entreprise qui se voit confier l’ensemble des travaux.
Le chantier ayant commencé dans une période difficile avec des attributions de quantités de ciment limitées, ces dernières devaient être enlevées en totalité dès leur mise en disposition par l’usine productrice. Cela nécessitait un stockage important qui a été réparti en différents points, par exemple 6 000 t dans les grottes de Châteauneuf, 3 000 t à la Chapelle-de-Bayanne… Le ciment était conditionné en sacs avec un transport exécuté majoritairement par camions depuis les cimenteries du Teil ou de Voreppe.
Les travaux se sont déroulés en trois phases :
- Exécution en rive gauche, à l’abri d’une enceinte de palplanches, des fondations de l’usine, du canal d’amenée, du canal de fuite et du musoir séparant l’usine du barrage. Cette phase a été perturbée par une crue le 30 août 1946 et terminée fin 1947.
- Exécution des fondations du barrage et de la partie basse des piles à l’abri d’un rideau de palplanches s’appuyant d’une part sur le musoir et de l’autre sur la rive droite, l’Isère passant sur les fondations de l’usine. Cette deuxième phase a été achevée en octobre 1948, après le passage de deux crues, l’une en juin et l’autre en septembre, avec à chaque fois, l’inondation du chantier. Ces crues ont déposé une quantité énorme de vase dans les fouilles. Les travaux de déblaiement ont considérablement retardé les travaux.
- Exécution des parties basses de l’usine à l’abri de rideaux de palplanches, achèvement du barrage et de l’usine. Pendant cette phase, l’Isère passe définitivement entre les piles du barrage.
Il est à noter que le sous-sol de l’aménagement, constitué de molasse imperméable mais d’une résistance à l’écrasement relativement faible, a nécessité la construction d’importants radiers de répartitions des charges. Les sondages effectués entre 1941 et 1943 avaient en effet révélé la présence de couches de molasse fine, de molasse à gros grains et de molasse argileuse avec des caractéristiques physiques et mécaniques différentes.
Aucun incident notable n’est signalé lors des mises en service entre fin mars et novembre 1950.
En 1951, une convention est intervenue entre l’Association des Riverains de l’Isère et EDF permettant la constatation du préjudice causé à certains riverains en vue des travaux ou d’indemnisation.
Le 30 mars 1951, la Région d’Équipement Hydraulique Alpes a remis les installations au Service des Usines Hydrauliques Groupe du Rhône, sous groupe de la Basse Isère, dont le Directeur était M Champon.