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Le 27 février 1357,
quand Romans été entouré de remparts…
L’histoire régionale dit, qu’en l’an 930, Sobon, archevêque de Vienne, excédé des insubordinations de l’Abbaye de Romans, dont les membres ne tenaient compte de ses ordres et s’appropriaient souvent, ce qui jugeait devoir lui revenir, leva une troupe de gens d’armes, et vint attaquer l’Abbaye, dont les bâtiments furent plus ou moins dévastés. Car en ce temps-là, les Princes de l’Eglise, se faisait volontiers chefs d’armée, pour défendre leurs biens temporels. Cette invasion donna, par la suit aux gens vivants autours de l’abbaye, un sentiment permanant d’insécurité, que finirent par partager les membres du Chapitre de Saint-Barnard qui avaient remplacé la compagnie des Moines. Des voyageurs rapportaient que de nombreuses cités, pour se protéger des incursions qui devenaient fréquentes à cette époque, s’entourèrent de hautes murailles, qui leur permettaient de faire échec aux assauts. On étudia donc la possibilité d’entourer Romans de remparts.
Le projet fut longtemps mûri, mais sa réalisation se heurta à maints obstacles. Comme aujourd’hui, lorsqu’il s’agit de grands travaux, il fallait trouver l’argent, et le Chapitre – comme on dirait familièrement de nos jours – ne « les lâchait pas facilement ». De nombreux conseils se tinrent auxquels assistaient les Seigneurs de la région. Après d’interminables discussions on établit les fondements de l’enceinte en 1130. Les travaux se poursuivirent sur un rythme plutôt lent, puisqu’ils ne furent terminés qu’en 1164.
Cette enceinte, partait, à l’Est, du port Sabaton (emplacement actuel des halles), « montait » la cote des Cordeliers, s’infléchissait au Mont-Ségur (place Jacquemart) et se dirigeait à l’Ouest, où se trouvaient la Porte-de- Fer (lieu qui a conservé son nom : rue Portefer) et les Terreaux. Là, un fort défendait le passage de Clérieux. Les murailles « descendait » alors vers la Presle, où s’ouvrait une autre porte, dit de « Fonte-Sort », à coté du pont sur la Savasse (montée des Chapeliers) où fut édifiée la Tour de Loches, prés de laquelle était installé le câble du bac à traille qui permettait de traverser l’Isère. Notre ville se trouvais ainsi protégée par uns suites de murs d’une longueur de prés d’un kilomètre, la défense-sud étant assurée par l’Isère, sur 500 m environ.
Porte de Clérieu, dessin de Diodore Rahoult
À son début, assure-t-on, cette enceinte paraissait suffisante, mais la cité ne tarda pas à s’étendre au-delà de ses remparts. A chaque menace d’invasion, et dés qu’une bande inconnue ou étrangère était signalée, marchant sur Romans, les habitants qui logeaient au delà des murs, se refugiaient à l’intérieures de la ville. Par ailleurs, les matériaux employés pour édifier ces remparts n’étaient pas de première qualité. Le système défensif réclamait beaucoup de soins et d’entretien. Pour assurer ces derniers, il fallait des fonds. Et comme à cette époque, on ne faisait, en matière financière, pas plus de miracle que de nos jours, on créa des impôts nouveaux. L’un de ceux-ci consista en l’établissement de droits de péage sur les marchandises et produits entrant en ville. C’est en 1327 que fut élaboré un barème fiscal. Cette institution dura prés de six siècles ! La plupart de nos citoyens se souviennent sans doute, encore, des petits baraquements, établis à diverses entrées de la ville, qui servaient d’abris aux »gabelous » ou agent de l’octroi, chargés de percevoir ces droits.
La première enceinte de Romans ne vécut que deux cents ans environ ; dans le courant de l’an 1356, il s’avéra nécessaire de démolir et d’en reconstruire sur un périmètre plus étendu, la ville s’étant considérablement agrandie. Ce fut le Dauphin, qui donna ordre de procéder à la construction de ces nouvelles murailles, qui devait permettre la fortification des défenses de Romans. Mais s’il insista pour que cet ordre fut exécuté, il n’en dona pas les moyens, et ne fournit pas l’argent sous le prétexte plus ou moins avoué, que la décision devait surtout profiter aux Romanais. En conséquence les Ecclésiastique et les « privilégiés » - c'est-à-dire ceux qui étaient exempts de la dime et de taxes diverses, devaient en assurer les frais. Comme, au quatorzième siècle, il n’était pas plus agréable qu’aujourd’hui de donner son argent, pour des dépenses en apparence improductives, les premiers protestataires se trouvèrent dans les rangs des « privilégies », et le Chapitre se cabra devant des débours qu’il jugeait trop élevés, en regard à ses moyens…On discuta.
Dans notre édition année 1965.
Chapitre n°1 (le dessin de Diodore Rahoult est ajouté au texte)
Article signé R.REVOL