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SPRP  -   1 rue des Clercs  -   26100 Romans sur Isère.    Réunion au local le mercredi à 17 heures.

Histoire de deux vieux métiers...

Archives de l’Impartial année 1953.

Signé H.C.

Un atelier de Bourg-de-Péage, fabrique 5 000 mètres de bolduc, à l’heure.

Un atelier, rue Mazelier ; celui de M. Roger Dussert où nous nous sommes initiés aux principes de fabrication de bolduc.

Qui ne connaît le bolduc ? Ce petit ruban que l’on met autour des paquets et qui porte, tous les trente centimètres, le nom et la marque de la maison qui vous a servi.

Sur certains nous lisons : « La pogne de M. X…est la meilleure », ou encore « Faites nettoyer vos vêtements à la Teinturerie X… », et, plus souvent : « Les gâteaux de…sont les plus fins ».

Cette légère ficelle que l’on trouve chez la plupart des commerçants, et que certains appèlent, à tord, ficelle de papier, est fabriquée dans notre région par un artisan qui ignore, sans aucun doute, la semaine de quarante heures, M. Dussert. Selon les commandes, il travaille bien souvent des heures et des heures de plus que la normale, afin de satisfaire sa fidèle clientèle.

Silencieusement les deux métiers dévident sans trêve un léger ruban fait de dix, vingt ou trente brins de fin coton. Ce ruban passe dans un bain de colle mélangé à de la teinture et sort selon la demande, bleu, rouge, vert, jaune, orange, marron ou blanc. Pour le ruban bordé, la technique est semblable, mis à part le bain de teinture. Ici, les fils de coton sont livrés déjà teints. Vingt ou trente fils blancs forment le milieu du ruban, cinq ou six fils de couleurs de chaque côté forment la bordure. La colle employée pour cette sorte de ruban est blanche et transparente, afin de ne pas ternir les couleurs vives du coton d’origine.

Le ruban, une fois séché par un procédé spécial s’enroule sur de grosses bobines, qui passent ensuite dans une grande machine à imprimer rotative, munie d’une matrice de laiton, portant sur son pourtour les indications que le commerçant désire voir figurer. Ce fils est à nouveau repris et vient s’enrouler sur une machine compte-tours qui, en lecture directe donne sur un cadran la longueur du ruban qu’elle avale.

Tous les milles mètres, l’appareil déclanche automatiquement. La bobine définitive en sort prête à être livrée.

M. Dussert, qui est un spécialiste de ce genre de travail, conduit son affaire avec un dynamisme peu commun, et arrive à faire, au stade artisanal, près de 5 000 mètres à l’heure, de ces petits rubans, qui retiendront demain gratieusement les jolis papiers de cellophane qui entourent les délicieuses pognes de Romans, ou autres gâteaux. Malgré l’énorme concurrence que M. Dussert peut trouver en des firmes plus importantes, il arrive, grâce à son travail, à ses connaissances et à sa conscience professionnelle, à établir des prix dignes de satisfaire les clients.

Histoire

  • Aymon premier. Un romanais généralissime
  • Fêtes et réjouissances d'autrefois à Romans
  • Forteresse de Romans.
  • Gambetta à Romans
  • Gambetta à Romans (2)
  • Gambetta à Romans (3 et fin)
  • Histoire de deux vieux métiers
  • Ils pensaient que...
  • L'affaire Lally-Tollendal
  • La vie quotidienne des Romanais au XIXe siècle
  • Le cinquantenaire des établissements du Cygne noir
  • Le collège de Romans ou l’esplanade du Vercors ?
  • Les meuniers de Romans
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  • Quand Romans était entouré de remparts
  • Quand Romans recevait des Princes de sang royal
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  • Triste 18 juin !

Châtaigniers, chênes et hêtres… sont transformés en manches d’outils, piquets ou treillis.

Au pied de la Maladière, il existe une industrie qui, tout en intéressant Romans et Bourg-de-Péage, procure, du travail à l’ensemble de la région, et plus particulièrement aux bûcherons des magnifiques forêts domaniales du Vercors. Hêtres, chênes et châtaigniers débités en lattes mal équarries sont expédiés par d’énormes camions jusqu’à l’usine de Bourg-de-Péage, où se fait mécaniquement un travail peut connu du public, parce que assez rare : la fabrication des manches d’outil, des piquets et des palissades.

Grâce à l’amabilité de M. Botty, directeur de l’usine de M. Morin (ancienne usine Barruyer), nous avons pu visiter les installations où, depuis des dizaines d’années, on travaille le bois de nos montagnes et on expédie partout, en France et en pays étrangers, manches de pioches, piquets de vignes, treillis et palissades.

Partis vers les hautes montagnes de chez nous, les bûcherons vont s’installer sur les plateaux avoisinant les vastes forêts. Là, ils construisent des huttes, amoncellent le ravitaillement, puis se mettent au travail, dés le frimas des matins d’hiver, jusqu’aux ténèbres impénétrables des nuits de montagne. Haches et scies frappent et scient…de val en val. Les fiers châtaigniers, chênes ou hêtres tombent sur le dol durci par le gel. Immédiatement débités en lattes, ils sont acheminés vers l’usine de Bourg-de-Péage et sont traités selon leur grosseur, leur dureté et leur fil.

À L’ANCESTRALE USINE…

Voici, stockés dans un vaste enclos, des tonnes et des tonnes de bois de qualités différentes. Une énorme scie à ruban débite ces longs morceaux de bois à longueur déterminée. Ceux-ci sont enlevés sur des chariots et transportés sur des chariots et transportés, selon leur diamètre, vers les différents services de l’usine.

Suivons un instant les manutentions et pénétrons avec eux dans un des vastes hangars.

Tout d’abord, une scie à ruban, en quatre passes, habilement menée par un spécialiste, taille les piquets en pointe. Ceux-ci iront cers les vignes aux crus renommés et servirons de supports aux ceps dorés. Ceux-là partirons vers Nice et seront utilisés dans la construction de minces treillis de roseaux, qui abritent des gelées matinales les fleurs aux délicats pétales.

 


D’autres ouvriers acheminent les baliveaux vers une étuve où, leurs   fibres d’assouplissent, se ramollissent, au point de pouvoir, sur une machine spéciale, être pliés à la demande et devenir des manches de pelles ou des fourches, selon un gabarit précis.

Nous pénétrons maintenant dans le domaine des tourneurs. Ici, les morceaux de bois, placés sur deux plateaux rotatifs, se présentent devant un appareil à couteaux multiples, qui les creuse, les taille, les arrondit, pour leur donner la forme définitive d’un manche de hâche, de pioche ou de balai.

Dans un appentis, les morceaux de bois  sont polis, cirés, marqués d’une étiquette aux armes de la maison.

Ailleurs, une machine qui fit sans doute l’orgueil des ancêtres de M. Albert Morin, le propriétaire actuel, débite mètre par mètre d’interminables rouleaux de clôtures faites d’échalas et de fil gaLvanisé.

Dans cette usine, qui emploie près de trente ouvriers, l’ensemble du matériel, menés par de mains expertes, est rationnellement utilisé. Cela grâce à la direction habile et compétente, et aux ouvriers, auxquels, nous sommes heureux de rendre hommage.