Fêtes et réjouissances d'autrefois à Romans
Il serait un peu long, et peut-être fastidieux de dresser une sorte d’inventaire des fêtes et des réjouissances auxquelles participait la population romanaise au cours des siècles. Nous nous en tiendrons à quelques détails typiques et plus ou moins caractéristiques de leur époque.
A l’origine et après la fondation du Chapitre, les fêtes de la cité étaient essentiellement religieuses, avec, parfois, une partie récréative destinée à attirer le plus de monde possible.
C’est ainsi qu’au XIIe siècle, si nous en croyons certains historiens, le 3ième jour suivant Noël, et sur autorisation du Chapitre, il était élu un « Abbé des Innocents » choisi d’ailleurs parmi ses pairs. Sur des tréteaux publics des « épiphards » et des « esclaffards » se dépensaient en amusant les badauds, mais il parait que ce genre de divertissements s’éloignait trop, avec le temps, des principes religieux et l’élection de l’abbé des Innocents, fut finalement abolie en 1247.
Les Clercs élisaient un évêque de fantaisie, à règne éphémère, l’affublaient d’ornements fort voyants et le promenaient à travers la ville, suivis de nombreux habitants. Le défilé terminé, de la soupe et du vin étaient offerts à ceux qui avaient participé au cortège. Après ce frugal repas, des acteurs improvisés s’efforçaient de raconter les mystères de l’incarnation et de la rédemption.
Au XVIe siècle, une sorte de Comité des Fêtes est subventionné par la Confrérie des Bourgeois et des Marchands, dont les membres organisaient des représentations avec danseurs et musiciens, ainsi que des festins en l’honneur des grandes dames de la ville.
Ces manifestations, racontées par divers écrivains locaux sous le nom de « cours d’amour » qui avaient donné une certaine célébrité à Romans.
En 1453, on organisa de grands jeux de la Passion qui se déroulèrent sous les ormes du cimetière des Cordeliers. Au cours de ces manifestations les premiers « chevaux de bois » apparurent à Romans sous le règne de Louis XI. Le passage de François 1er fût fêté par des jeux, des farces et des contes de fées. En des temps moins anciens, des « Mystères » étaient joués, rue de l’Armillerie, dans un immeuble qui deviendra plus tard l’hôtel de ville.
La Révolution donna souvent lieu à des fêtes, se déroulant soit place Jacquemart soit aux Chapeliers.
La plus importante eut lieu le 30 germinal an Deux (soit le 19 avril 1793) ; En dépit de leur apparence spectaculaire, elles avaient un caractère politique, comme la plupart des rassemblements populaires de l’époque. Le motif était la transformation de l’église Saint-Barnard en Temple de la Raison. Le cortège partit de la maison communale en direction de l’église.
En tête un groupe de jeunes filles symbolisant la renommée.
Un palanquin décoré, porté par quatre sans-culottes, est était escorté par quatre piqueurs. Celui ci était suivi par le personnel au complet de l’atelier de salpêtre. Puis des musiciens, des chanteurs.
Les femmes étaient vêtues en nymphes et ornées de fleurs et de rubans aux trois couleurs. Sur un autre baldaquin était placées les effigies de la Liberté et les bustes de Marat et de Lepellier, député de la Convention assassiné par les royalistes.
Le groupe le plus important était constitué de toutes les mères de famille de la ville portant leurs bébés qu’elles devaient symboliquement offrir à la Patrie…
Derrière, par opposition, un char sur lequel un vieillard avait pris place. Il représentait l’Expérience. Il était entouré de jeunes citoyens ayant en mains des instruments agricoles. En haut du char on pouvait lire quatre conseils :
- Aime le Travail,
- Honore l’Agriculture,
- Respecte la Vieillesse,
- Pratique la Vertu.
Après, une compagnie de militaires portait un autre tableau sur lequel était inscrite la « Déclaration des Droits de l’Homme ». Enfin le cortège se terminait par des groupes officiels : Administrateurs, Conseil Général, Comité de surveillance, Société populaire…
Tout le monde se retrouvait à l’intérieur de l’église de Saint-Barnard décorée de verdure et de buis. La cérémonie se terminait dans la liesse populaire, par des chants, des bals et par une grande affluence dans les estaminets. Les Romanais avaient plutôt considéré cette journée, comme un dérivatif à la vie de tous les jours