Barbières
Aujourd’hui nous allons prendre un bol d’air aux pieds du Vercors et plus précisément à Barbières, village au départ du col du Tourniol.
À 13 km environ au sud-est de Bourg-de-Péage, desservi par la route départementale 101 (de Tain à Léoncel par Château-neuf-d’Isère et Alixan) et par la 149, voici, à 400 m, d’altitude, dans un site, fort pittoresque, le village de Barbières, où nous allons, aujourd’hui, nous arrêter quelques instants.
Les noms de nos villages drômois ont des origines diverses, qui requièrent toujours l’attention. Barbières viendrait du mot « barbarlerum » qui signifierait « bois très épais » et qui dériverait de « barbalerus » qui veut dire : inculte, sauvage ; à ne pas confondre, parce qu’il n’a rien de commun, avec les Barbares.
On peut considérer comme valable cette définition, qui s’appliquerait d’ailleurs à d’autres lieux. Dans le canton de Romans, notamment, l’agglomération de Saint-Michel, près de Montmiral, se trouve parfois désignée, dans les archives anciennes, par l’expression « Saint-Michel-de-Barbières » en raison des bois qui l’environnent. Et près de Geyssans, un quartier s’appellerait encore la « Barbalerais » précisément pour la même raison.
Mais les étymologistes ne sont pas d’accord entre eux. Certains apportent une définition différente. Pour ces derniers, Barbières représente une formule descriptive appartenant aux primitifs celtiques Bar, qui signifie sommet et Ber, qui veut dire Montagne. On appliquerait donc au nom de Barbières la contre valeur « sommet du mont » qui paraît justifiée par la présence du Château de Pellafol, dont il demeure encore quelques ruines solides.
Quoi qu’il en soit et toujours à l’exemple de tant d’agglomérations dont l’origine est plus ou moins établie, Barbières s’appelle Barberis en 1046 et deux cents ans plus tard Barbeira, voir même Barberie ou Barbeyra, mais vers 1290 certains documents, rédigés, il est vrai en latin font mention de Barberiarum. Pendant longtemps cette terre est placée sous des juridictions différentes. Le « mandement de Barbières » ne comprend que la partie basse de la commune - celle actuellement constituée par le village-, la partie haute forme le « mandement de Pellafol ». A l’époque de la féodalité, le premier mandement relève des comtes du Valentinois; le second, de l’Evêque de Valence. Ce n’est qu’au 13e siècle qu’une une unité se fait et que les terres ne relèvent plus que d’un seul seigneur.
Le château de Pellafol
Le château de Pellafol (qu’on écrit parfois de nos jours tantôt avec un L, tantôt avec deux) dont l’orthographe a été fort instable durant les siècles passés (puisqu’on le désigne par les mots Peelafol, Pallefol ; voire même Pallefort) aurait été construit en 1170. C’était, venons-nous de dire, le fief des Evêques de Valence, dont les droits sur ce château furent confirmés par les Empereurs germaniques. Les archives, qui ont pu être conservées et qui se rapportent à Barbières, ne donne pas de description précise sur cette construction altière, solidement plantée sur le roc et dont l’édification a dû représenter de longs et opiniâtres efforts. Notons que cette absence de documentation est générale pour la plupart des anciens châteaux forts de la région. On peut penser qu’il fut construit, à cet endroit, pour surveiller la plaine de l’Isère et notamment celle de Romans, tout en servant de sentinelle et de défense d’accès au chemin conduisant à Léoncel et représentait techniquement, une forteresse avancée du bastion alpestre. Ce château appartint successivement à la famille de Beranger (1200), puis aux Barnard (1295).
Au 14esiècle, il passe entre les mains des Poitiers; déjà puissant à Saint-Vallier; puis aux seigneurs de Rochefort (1349). Les héritiers de ces derniers furent les Beaumont d’Antichamp. Vers 1609, le fief est acquis par les Frère, avant d’échoir à Michel de Sozey, dont la famille est désignée par les noms de « du Sozey de la Croix ».
Un seul fait d’armes…
Un seul fait d’armes est enregistré dans les documents conservés aux Archives Publiques. En 1577, les Huguenots des montagnes du Diois opèrent une descente sur Barbières et s’emparent du Château de Pellafol défendu seulement par 20 hommes, qui sont tous faits prisonniers, à l’exception de leur Chef qui réussit à s’enfuir du côté de Romans. Les Romanais lui ouvrent la porte de leur ville, mais ne sont pas satisfaits de la nouvelle et des explications qu’il leur apporte. Rendus méfiants, ils vont jusqu’à le soupçonner d’être de connivence avec les Huguenots et de chercher à les entraîner dans une aventure. Le fugitif est ainsi retenu et gardé à vue pensant 3 jours. Mais pendant ce temps, les 20 prisonniers du Château de Pellafol se révoltent et enferment leurs vainqueurs, surpris par cette attaque, dans les cachots où ceux-ci les avaient mis. Il n’y avait plus, pour les triomphateurs, qu’à récupérer leur chef. Ce qu’ils firent.
Au cours des siècles, le Château de Pellafol, comme tous les châteaux construits au Moyen-Age, connut des avatars successifs, des dévastations, et tomba lentement en ruines. Il en reste une tour et quelques murs qui semblent défier le temps. Ces ruines et le terrain qui les entoure, sont propriété privée, mais d’un rapport à peu près nul. Il y a quelques années, le titulaire de ce champ se livra à des recherches. Le bruit courait dans le village, sinon depuis des siècles, mais tout au moins depuis des années qu’un trésor pouvait bien être enterré « là-haut ». C’est ce trésor que notre homme se mit à chercher, avec la curiosité et l’attente presque passionnée de ses concitoyens. On creusa, on remua la terre…mais on ne trouva rien. Il y a encore à Barbières des gens qui prétendent que ce trésor existe bien. Ils ajoutent qu’on n’a pas creusé au bon endroit.
Avant 1790…
Dans la période précédant 1790, Barbières était une communauté de l’élection et subdélégation de Valence et de la sénéchaussée de Crest, et formait - comme aujourd’hui - une paroisse du diocèse de Valence, mais les dîmes étaient perçues par le prieur de Cerne, et étaient sa propriété. Cerne, ou Serne, maison sur la commune de Charpey, possédait une église dédiée à Saint-Martin et qui fut remplacée au 17e siècle par celle de Barbières.
En 1790, Barbières fait partie du canton de Rochefort-Samson, mais la réorganisation administrative de l’an VIII supprime, à Rochefort-Samson, son titre de chef-lieu de canton, et fait entrer Barbières dans celui de Bourg-de-Péage.