Nicole Algan
Née en 1925 à Epinal dans les Vosges, C’est une Romanaise d’adoption; après Paris et Alger, elle vit une vingtaine d’année à Romans où elle mettra fin à ses jours en 1986.
A fréquenté l’Ecole des Beaux Arts de Paris; puis travailla dans l’atelier de Charles Despiau ; ensuite avec Derain, de 1947 à 1954, dont elle serait le dernier amour et dont elle a eu un fils (lettres de 1947 à1954). À 26 ans, elle deviendra aussi un temps trapéziste dans un cirque pour fuir une vie banale.
De 1955 à 1961, elle est conseiller pédagogique en art plastique à Alger, y rencontre Albert Camus dont elle fait un buste. Elle revient en France à la fin de la guerre d’Algérie, travaille à Paris puis à Valence et choisit alors de résider à Romans qu’elle préfère à Valence. Elle fondera à Romans un atelier d’initiation à la sculpture.
Elle est connue pour avoir réalisé quelques sculptures monumentales dans la région: 1968 le monument aux morts à St Marcel les Valence, en béton gris et blanc se composant de 5 formes de 5.5m de haut , 1984 les 9 Golems à Romans; travail gigantesque. Dans les 2 cas, très physique et novateur quant à la technique, puisqu’elle délaisse les matériaux nobles de la sculpture, marbre ou pierre, et la taille directe pour le béton armé; un choix fait dès sa 1ere grande réalisation, en 1957, un monument en béton de 12m de haut à Blida ( Algérie).
On lui doit également le buste du facteur Cheval , des sculptures de plus petite taille à partir des matériaux nouveaux : acier, déchets divers comme des vieux outils (joug, soc de charrue) ou plastique et aussi des céramiques, des terres cuites, des peintures… La production est importante et variée; elle fait de nombreuses expos dont une à la Charrette en 1975.
La légende du Golem
La Tchéquie et Prague regorgent de nombreuses légendes. Parmi celle du quartier juif de la ville, voici certainement la plus célèbre : celle du Rabbin Löw et du Golem.
En 1580, à Prague comme dans de nombreux endroits en Europe, la persécution des juifs est monnaie courante. La violence envers le peuple juif était attisée par des accusations de crimes de sang perpétrés contre des enfants catholiques. A cette époque, le leader de la communauté juive de Prague était le rabbin Löw de son vrai nom "Yehudah (Juda) Levi ben Betzalel", dit le Maharal. Il se demandait comment il pouvait mettre fin à la souffrance de son peuple obligé à vivre dans un ghetto.
L’idée lui vint en un rêve de créer un protecteur à forme humaine. Le rabbin étant un érudit il trouva rapidement le moyen de réaliser sa vision. Aidé par son gendre et son apprenti préféré, il se rendit durant la nuit du 20 Mars sur les rives de la Vltava. Là, les trois hommes façonnèrent une forme humaine dans la terre glaise. Ils commencèrent alors une série de rituels et d’incantations hébraïques pour donner la vie à la créature inanimée. Pour parachever le travail, le Rabbin inscrivit sur le front de la statue de terre le mot « Emet » qui signifie vérité. Ainsi le Golem se réveilla, prêt à suivre les ordres du Rabbin. Mais le temps passant, le golem devint de plus en plus violent. Il terrorisait la population praguoise toute entière si bien que l’empereur pria le Rabbin de stopper sa créature. Le Rabbin accepta à condition que la situation de sa communauté soit améliorée. Pour désactiver le Golem il effaça la lettre ‘e’ du front du golem ne laissant plus que le mot « met » signifiant mort. L’empereur tenu parole et des lois empêchant la persécution des juifs pour de faux motifs furent instaurés. Le corps sans vie du golem fût placé dans le grenier de la synagogue
Certains voient dans cette légende l'origine du personnage de Frankestein.
Les 9 Golems
Neuf Golems datant de 1984.
Six Golems en ciment blancs et trois en ciment gris, de 2m de haut. Ils sont en béton moulé et armé d'un grillage. On voit le collage des deux « faces » des personnages . Le Golem est un personnage mythique de la tradition juive d’Europe Orientale. Sculptures épurées parfaitement intégrées dans le site.
La vision actuelle du Golem
La légende du Golem a inspiré de nombreux auteurs au fil des années, et la créature a été utilisée dans de nombreuses œuvres fantastiques avec plus ou moins de fidélité à la légende originelle.
Si certaines œuvres font clairement référence à la créature juive, la plupart des œuvres médiévales-fantastiques utilisent le mot golem pour désigner n’importe quelle créature humanoïde créée à partir de matière inerte par un magicien.
On peut s'interroger sur l'utilité d'une telle création. Pour certains, il s'agit de construire une sorte de messie vengeur et destructeur. Pour d'autres, le procédé vise à exalter la puissance du verbe, le rituel devient alors hommage. Élaborer un golem c'est aussi démontrer sa puissance, singer Dieu en tentant de maîtriser les énergies et les pouvoirs complexes qui donnèrent le jour à Adam dans la Genèse.
En ce sens, il est intéressant de rapprocher la création du golem de l'obtention de la pierre philosophale dans le Grand Œuvre des alchimistes. La naissance du golem n'est plus alors un but en soi mais le témoin silencieux de l'accès à un niveau de conscience exceptionnel.
Le plus souvent, il n’est plus question de tradition juive, de mots placés dans la bouche ou la tête de la créature, et celle-ci n’est plus forcément faite d’argile.
Symbolique du nombre 9
Fin d’un cycle, le Nombre 9 annonce l’achèvement et le retour à l’Unité qui va permettre la naissance, la re-naissance, l’avènement du nouveau avec le 1(0). Il peut signifier la fin d’une période d’épreuves ou la finalité d’une action, le but étant atteint.
Le Nombre 9 parle de l'amour universel, issu des grandes ouvertures de conscience, la fraternité, l'humanitaire, le sentiment inconditionnel de la confiance aux immenses potentiels humains, la vocation, la compréhension.
Pour les francs-maçons, il est le nombre éternel de l'immortalité humaine.
Pour les Hébreux il était le symbole de la vérité.
Très sensitif, le nombre 9 annonce un monde émotionnel riche, voir des qualités médiumniques, utilisées ou non.
Les golems étant des êtres frustres, non terminés et le nombre 9 annonçant un monde meilleur à venir, le message que nous délivrent ces neuf Golems serait-il un message d’espérance vers des rapports humains plus fraternels pour succéder à une humanité encore en gestation ?
Ce n’est pas certain car il est très remarquable de constater qu’aucun de ces Golems ne se fait face. Chacun dans son monde ignorant l’autre ?
C’est un peu ce que nous dit Nicole Algan : «J’ai voulu sculpter le silence, la solitude : ce sont des esprits, des âmes qui regardent dans des directions différentes sans se voir…Les deux couleurs , c’est le oui et le non, la vie et la mort. »