Le cinquantenaire des établissements du Cygne noir
Que de chemin parcouru par les établissements romanais du Cygne Noir, depuis 1908, date de leur fondation dans le modeste atelier artisanal de la rue de la République !
C’est en effet, en 1908, que M. Aimé Ducros, co-propriétaire de la Droguerie Berruyer, Ducros et Maret, située place aux Herbes, se sépara de ses associés pour fabriquer un cirage en boîtes, qui se voulait de meilleure qualité que celui vendu à cette époque.
M Ducros sut s’entourer de dévoués et habiles collaborateurs, parmi lesquels chacun se souvient de Marcel Ferrouillat qui, entré à peine âgé de 16 ans, était devenu par la suite voyageur titulaire de la tournée la plus importante. On se souvient également de Paul Amblard, qui quitta la Droguerie Berruyer et Maret, pour passer au Cygne Noir et y créer une tournée qu’il ne cessa de développer.
Avec de tels concours et le dynamisme de son fondateur, l’atelier de la rue de la République devint vite insuffisant. Aussi, M. Ducros, qui voyait grand et loin, acheta environ 4.000 mètres carrés de terrain derrière la voie ferrée, tout le long de l’actuelle rue Jules-Vernissat et à l’angle de la rue Camille-Desmoulins.
En 1912 ou 1913, les bâtiments de la nouvelle usine furent achevés. Devant l’essor pris par l’affaire, M. Ducros s’adjoignit, après la guerre de 1914, un associé de qualité en la personne de M. Frédéric Glas, qui devait prendre en mains la Direction commerciale et administrative, tandis que M. Ducros pouvait se consacrer plus activement à la Direction technique. En 1919, des agrandissements furent réalisés.
En 1920, la superficie du terrain s’augmenta de 2.800 mètres carrés. En 1924, M. Ducros cherchait un chimiste pour le seconder. Il le trouva en la personne de M. Luce-Catinot, sorti depuis 1922 de l’Ecole de Chimie de Lyon avec le diplôme d’Ingénieur chimiste.
En 1925, M. Luce-Catinot devenait l’associé de MM. Ducros et Glas. Depuis, grâce au travail opiniâtre de tous, depuis les dirigeants jusqu’au plus modeste employé, les établissements du Cygne Noir n’ont cessé de se développer, améliorant sans cesse leurs fabrications et multipliant la gamme de leurs produits, qui s’étendent aujourd’hui dans toute la France et à l’étranger.
Suivant l’exemple de son père qui termina la guerre de 1914 avec le grade de colonel, M. Paul Glas fit la guerre de 1939-1940 comme officier d’artillerie. En 1945, après une longue et dure captivité, il vint apporter à M. Frédéric Glas le concours de sa formation d’ingénieur, pour prendre en mains, à la suite progressive de son père, la partie commerciale, administrative et comptable dans laquelle il apportait un sang nouveau, des méthodes plus jeunes, un dynamisme renouvelé. Depuis 1950, il est associé et gérant au côté de M. Lucue-Catinot et ne cesse de déployer ses qualités pour développer la vente des produits du Cygne Noir et étendre encore davantage leur solide renommée.
Afin de concrétiser l’essor pris par ses fabrications, depuis la fondation des établissements du Cygne Noir, la Direction décida d’en marquer le cinquantenaire (une bien belle étape !) par une fête qui grouperait tous les artisans de ce succès.
Cette fête se déroula vendredi soir, au Foyer du Théâtre, dont la salle avait été décorée sous l’emblème du « Cygne » et devait se continuer, le lendemain samedi par un office religieux célébré en la Chapelle Sainte-Marthe, à la mémoire de tous les disparus, et, à midi, par un banquet servi dans la même salle du Foyer, par le vatel romanais Ponton, à tous les membres du personnel.
Remise des médailles
La cérémonie du vendredi soir était honorée de la présence de M. Pierre Didier, maire de Romans…et naturellement de l’ensemble du personnel du Cygne Noir, parmi lesquels, les plus anciens allaient recevoir la médaille du Travail ou la médaille professionnelle.
M. Paul Glas prit, en premier, la parole pour remercier les personnalités présentes et toute l’assistance :
« C’est une grande joie…Si nous sommes là, aujourd’hui, réunis dans la joie et l’espérance, c’est à vous que nous le devons… »
Les applaudissements qui ponctuèrent ces paroles, constituaient, à l’adresse de M. Frédéric Glas, une ovation de reconnaissance et de chaude sympathie.
M. Paul Glas salua Mme Paul Amblard, au premier rang de l’assistance avec son fils, qui allait recevoir la médaille d’or décernée à son mari pour ses 45 ans de présence. Avec émotion, partagée par toute l’assistance, il rappela la mémoire de celui que tous regrettent et qui se serait tant réjoui de cette fête du cinquantenaire.
M. Paul Glas remercia et félicita les agents généraux, inspecteurs, voyageurs, chefs de services et tous les employés, puis prononça l’allocution suivante :
« C’est par l’expression d’un double sentiment de reconnaissance que je veux débuter. Un sentiment de reconnaissance filiale d’abord, envers mon père, car je dois à son travail la situation qu’il m’a faite…
Si M. Ducros a posé la première pierre de cet édifice, c’est mon père, secondé par M. Luce- Catinot, qui fut le grand constructeur du Cygne Noir… par son travail, sa bonne volonté, son esprit d’initiative ; oui, je dis bien son esprit d’initiative… considérant que le travail personnel élève l’homme. Mais cet esprit d’initiative doit exister dans la discipline qui doit être, à la fois, intelligence et raison. Il y a, au fond de chacun, un potentiel de savoir, d’aptitudes, un potentiel qui doit se manifester au grand jour. Il faut vous affirmer, mettre en lumière ces aptitudes, abandonner tous ces paralysants complexes d’infériorité…
C’est dans la ligne sociale, qui a été toujours celle du Cygne Noir, et je tiens à rappeler que, dés son entrée à l’usine, mon père institua les Congés Payés et les Allocations Familiales, et que le Cygne Noir fut la première usine à Romans à apporter ainsi son aide au personnel… ».
M. Paul Glas laissa ensuite la parole à son associé, M. Luce-Catinot qui fit l’historique complet de l’entreprise, depuis 1908 à nos jours, historique que nous avons résumé plus haut pour nos lecteurs.
Ce fut ensuite au tour de M. Pierre Didier d’adresser, au nom de la Ville de Romans, ses remerciements à tous ceux, qui par leur travail, ont contribué à la diffusion et à la réputation de la grande marque qui porte au loin – et avec éclat – le renom de notre cité laborieuse...
Il fut ensuite procédé à la remise des médailles et des diplômes…
Le banquet
Ainsi que nous l’avons annoncé plus haut, un banquet fut servi dans la même salle du Foyer du Théâtre, par les soins du réputé Restaurant Ponton. La Direction et la Personnel des établissements du « Cygne Noir » étaient réunis autour de MM. Ghisolfi, préfet de la Drôme, et Pierre Didier, maire de Romans.
… /…
La journée se continua, pour tous les assistants, dans la joie et l’amitié. Elle se prolongea même fort tard, puisque les groupes sympathiques, que l’on voyait défiler encore vers 20 heures, à travers les rues de Romans, ne se sont séparés qu’avec beaucoup de regrets…
Signé L.B.
NB :
Article lu dans les archives de l’Impartial année 1959.
Aucune correction. L’article est en italique.
Les discours ne sont pas complets, ils sont entre «…».
Les documents photos sont de Monique et Michel D…Copie interdite.
En supplément :